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Tout va bien.

6 janvier 2008

It's a free world

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"Tu t’attendais à quoi ? je lui ai dit. Tu crois que ça va être facile de me quitter ? Tu crois que je vais te laisser faire comme ça ? J’ai lancé le cadre par terre, le verre s’est brisé mais comme c’était pas assez j’ai bondi du lit et j’ai déchiré la photo, celle qu’il prétendait tant aimer, la photo de nous deux en mariés, beaux et légèrement ridicules, il y avait tant de monde qu’on ne connaissait pas à notre mariage qu’on est partis avant la fin.
Il a eu l’air triste, plus de la photo déchirée que du fait de me quitter. Il a toujours été fou avec les photos. Parfois je me disais qu’il n’aimait les choses de la vie que pour les voir un jour en photo. Moi c’est le contraire, rien ne me fait plus peur qu’une photo, rien ne me semble plus faux-cul qu’une belle photo de bonheur avec toute la quantité de malheur qu’elle promet, qu’elle contient, mais sans le dire, en cachant bien son jeu. Je ne savais pas encore que c’était la meilleure chose qui puisse m’arriver, qu’il me quitte. Comment j’aurais pu le savoir ? Il était toute ma vie, sans lui je n’existais pas."

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17 octobre 2007

MICKY GREEN

Il y a des moments brefs et niais où on ne peut qu’aimer la vie. Une dame refait ses lacets rouges , et un enfant tombe de son vélo. Son papa lâche son journal, une fille se repasse une mèche derrière l’oreille. La mamie éclate de rire. On va très vite et tout s’arrête. Je crois percevoir un sourire.

Je suis amoureux d’elle car elle fait tout trop bien. J’ai toujours été émerveillé par les gens qui réalisent les choses banales à la perfection sans qu’on s’en aperçoive. Elle tourne la page de son livre en mouillant son doigt légèrement . Elle rigole un peu au téléphone. Elle se roule dans les draps à coté de moi. Son dos est grand si large qu’il m’engloutit. Elle fait la gueule et elle s’en va. Elle se comporte comme un mec , elle se croit cool, elle fume et tousse. Sa mamie s’appelle Ginette et parfois elles font le marché ensemble.

Elle a vécu en Bretagne et je ne la connais pas vraiment.

Nous sommes dans une fête, chez Pierre, un ami à moi qui habite dans le 5ème. Pierre organise des fêtes car il est très seul. Il tombe amoureux de toutes les femmes qu’il croise. Il s’est fait larguer l’année dernière par un top allemand et il croit qu’il a été abandonné par les dieux. Pierre est fou de mythologie grecque. Il compare sa famille aux Atrides. Il est fou et un peu con.

La fête se passe dans son salon rouge, japonisant. Je n’aime décidément pas les gens branchés qui portent leur culture poids léger en médaillon. Pierre croit tout connaître et tout choisir. Manger chinois sur la Bastille nu n’est pas véritablement enviable. Bref cete fête est remplie de filles au décolleté de dos dégueulasses. Elles se croient belles et distinguées ces polytechniciennes de la mode. Elles calculent tout. Je n’aime pas les filles plus intelligentes que moi. Ce ne sont que robes et colliers ethniques, discussions de voyages au Mexique, Kant et le parc Montsouris. Ta gueule. Ta gueule bouffonne.

25 avril 2007

Paillettes, starlettes...

La pudeur innocente de nos âmes nous pousse à réprimer nos plaintes et à se contenter d’un quotidien propre irrévocable.

Cette même pudeur m’empêcha ce jour là de m’enfoncer un extrait de plomb acéré au fin fond du cortex droit.

C’était un mardi et tu étais partie. Tes longs cheveux bruns s’étaient évaporés, ta silhouette brumeuse, incandescente s’était évanouie de ces draps où je te gardais prisonnière.

Je ne te haïssais pas encore alors, je ne déplorais pas dans mon désespoir aveugle ton hypocrisie perfide. Je n’y crus pas. Je bus du café longuement dans notre cuisine high tech. Je rêvai de pancakes au sucres, de voyages au Congo, seul.

Je pensais en surface à un de tes élans libertaires. Au fond je savais bien, il me semble. Je savais bien que tu ne m’aimais plus car j’étais une loque et tu étais une pute.

Le soleil avait infiltré prématurément de sa chaleur canaille et importune notre cocon matinal. J’avais cru être deux.

Nous avions dansé toute la nuit selon ton bon vouloir égotiste. En attendant le taxi, entre deux éclats de gorge désinhibés, tu avais crié ton désir de devenir styliste ou diplomate au Pakistan.

J’avais ri d’effroi, un rire cruellement glacé.

Vexée, tu t’étais changée à la lumière faiblarde de la salle de bains dans des vapeurs d’alcool. Puis dans mon lit, tu avais joué à la perfection ton rôle de harpie dédaigneuse. Enveloppée dans ce silence puéril, tu te croyais digne.

25 avril 2007

YOu used to be my disco friend

Le vent balaie ta manipulation innocente. Il hurle à la mort comme un loup solitaire et les gouttes tombent fièrement, ininterrompues.

Le trottoir crisse et glisse. Les enseignes ont les yeux brillants des jours sans crépuscule. Je ne veux pas que tu partes mais je m’en fous. Oui tes vêtements sont là-bas, sur le lit.

Tu étais tombée sur lui assise dans le petit square à rêver d'un thé glacé d'avant concert. Tu avais couru. Ton foulard rouge et jaune qui glissait autour de ta nuque avait vu passer les couples d’homos habillés en violet foncé ainsi que des jolies lycéennes leur uniforme remonté sur leurs cuisses. Elles riaient très fort et tu aurais voulu savoir rire très fort.

Il avait chuchoté .

Tu avais tout de suite reconnu et su que tu n'aurais pas du être là, que tu allais crier, pleurer, que tout recommencerait. Tu avais su que tu n'avais pas envie d'aller au pub non vraiment, mais que tu l’embrasserais, que vous auriez des discussions philosophiques sur le rock et le bloody mary, qu'il t'appellerait Bloody Mary et qu'il t'emmènerait à Delhi, à Paris, dans son lit. Tu avais alors imaginé votre appartement à Camden, sa barbe naissante le vendredi, vos enfants si blonds, si anglais.

Tu t'étais retournée et tu avais souri. Tu n’avais pas pensé à moi.

22 avril 2007

Le refuge

jamie_t_PRTout commence dans l’air humide et rougissant du jardin. L’air ne sait plus tout à fait, il a oublié ton odeur de vacances de ski, de pluie londonienne, de bagarres le dimanche matin, Il ne vénère plus ces clichés d’une réminiscence factice en décomposition.

Accaparé par une jolie rêverie indolente, l’air n'a aucun souvenir de ton rire insolent, du maquillage rouge dispersé sur l’évier,de tes mièvreries adolescentes, de ton dégoût pour le sarcasme, les autres femmes.

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Il ne revoit pas en songe parfois  ta folie éclatante, tes crises de larmes, tes anglicismes stupides. Il ne te reprend pas car ivre nue, tu pleures dans la salle de bains et tes bottes en plastique contemplent la beauté incestueuse de cette tragédie.

L’air a beaucoup de chance.

Une grosse larme coule sur ma joue. Je me souviens trop, le souvenir est mortel. Je voudrais vivre encore à Leicester, fumer sur un nuage obèse et cotonneux. Je suis un enfant, un roi et j’ordonne.

Je veux un fish’n’chips à trois heures, que tu m’embrasses, que tu portes mon pull, qu’on saute dans les concerts, que tu m’appartiennes encore et tu ne veux pas.

Je brûle pour le passé, pour une passade onirique, une chimère éphémère. Je rêve d’une sirène effrayée, d’une amazone à la recherche de protection.

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Alors, je joue au héros romantique, fragile et tragique. Je bois dans des fêtes, je pense a toi, nous tachons nos jeans de Champagne car nous sommes trop jeunes pour que quiconque s’en soucie.

C’est l’anniversaire de Sally, tu sais et chacun rit, chacun n’a pas peur du lendemain, ce bonheur est vulgaire, cette hilarité impolie.

Je t’aime. J’ai soif, j’en embrasse d’autres. Je danse sans toi. Je pense à toi et la fille à la robe rose te ressemble un peu.

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